L’objectif immédiat est la destruction totale de leurs villages et la dévastation de leurs terres. Il faudra absolument réduire à néant leurs futurs récoltes et les empêcher d’en préparer d’autres.
George Washington (1732-1799), premier président des États-Unis.
S’il entre bien dans les desseins de la Providence que ces Sauvages soient balayés afin de laisser place aux Cultivateurs de la Terre, il ne semble pas improbable que le moyen pour y parvenir soit les boissons alcoolisées.
Benjamin Franklin (1706-1790).
Cette malheureuse race, que nous avons eu tant de mal à sauver et à civiliser, s’est, de façon inattendue, rebellée et livrée à des actes barbares. Ce faisant, elle a justifié son extermination et attend à présent que nous décidions de son destin.
Thomas Jefferson (1743-1826), troisième président des États-Unis.
La vie à l’état sauvage demande de pratiquer la chasse sur un territoire bien plus grand qu’il n’est compatible avec le progrès et les justes prétentions de la vie civilisée […] elle doit donc s’effacer devant celle-ci.
James Monroe (1758-1831), cinquième président des États-Unis.
Quel droit un chasseur a-t-il sur une forêt de mille kilomètres de long, dans laquelle il s’est aventuré par hasard pour y chercher des proies ?
John Quincy Adams (1767-1848), sixième président des États-Unis.
Ils n’ont ni l’intelligence, ni l’assuidité au travail, ni le comportement moral, ni le désir de s’améliorer, toutes choses qui seraient essentielles pour que leur condition évolue dans un sens favorable. Contemporains d’une autre race qui leur est supérieure, incapables de se rendre compte d’où vient leur infériorité et de chercher à y remédier, ils doivent nécessairement se plier à la force des circonstances et disparaître rapidement.
Andrew Jackson (1767-1845), septième président des États-Unis.
Les Indiens qui habitaient ce pays étaient des sauvages, essentiellement occupées à se faire la guerre, et tirant leur subsistance de la forêt […] La loi qui régit, et doit obligatoirement régir en général, les rapports entre le vainqueur et le vaincu ne pouvait pas s’appliquer à ce peuple en ces circonstances. La découverte [de l’Amérique par les Européens] a donné à ces derniers le droit exclusif de mettre fin, par le biais d’achats de terres ou de conquête, au titre d’occupants qu’avaient les Indiens.
John Marshall (1755-1835), président de la Cour suprême des États-Unis.
Est-ce que l’une des plus belles parties du globe doit rester dans l’état de nature, une terre hantée par quelques fieffés sauvages, alors qu’elle semble être destinée par le Créateur à entretenir une vaste population et à devenir le siège de la civilisation ?
William Henry Harrison (1773-1841), neuvième président des États-Unis.
Le colon et le pionnier avaient fondamentalement la justice de leur côté ; ce grand continent ne pouvait pas rester simplement à l’état de réserve de chasse pour d’ignobles sauvages.
Theodore Roosevelt (1858-1919), vingt-sixième président des États-Unis.
Les seuls bons Indiens que j’aie jamais vus étaient des Indiens morts.
Général Philip Sheridan (1831-1888).
Ce ‘florilège’ de citations, dues à des personnalités de premier rang (pour certains d’entre eux des ‘pères fondateurs’, mais aussi six présidents) de la grande démocratie – et qui s’en prétend le modèle – américaine (entendons les États-Unis d’Amérique) à propos des populations autochtones, celles que l’on nomme amérindiennes, révèle au plus haut point le regard condescendant, méprisant, voire tout à fait cynique, des conquérants du Nouveau Monde. Une humanité qui en rejette une autre au nom de sa prétendue supériorité innée et des pouvoirs qu’elle lui autorise.
Ô, les autres nations colonisatrices (Espagne, France, Pays-Bas, Portugal notamment) n’ont guère fait mieux à propos de leurs empires coloniaux ! Mais peut-être ne se sont-elles pas données autant, jusqu’à ce jour encore, comme référent unique et universel, de par la volonté de l’Homme, de par la volonté de Dieu.
Nous ne pouvons que remercier Jared Diamond (biologiste de l’évolution, physiologiste, ayant enseigné la géographie à l’Université de Californie) d’avoir illustré , par sa recension, son propos à l’appui de son essai magistral sur l’origine et les fondements de l’évolution De l’inégalité parmi le sociétés. Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire (Folio Essais, 2007). Pour ajouter encore de l’ombre à son tableau, nous reviendrons bientôt sur la somme des génocides humains, qu’il a également recensés, et que les peuples se sont généreusement répartis, souvent dans une unanime réciprocité, à travers leur longue histoire commune.
Pour revenir à nos ‘amers Indiens’, on trouvera un heureux contrepoint dans les propos, tout pétris de sagesse et de profonde lucidité, de deux – il en est bien d’autres – de leurs ‘chefs’ que nous avons illustrés dans nos pages : Sitting Bull et Tecumseh. Et pour en terminer, sans nous acharner plus longtemps sur les Yankees, voyons le sort que les Espagnols, eux, ont réservé au dernier des Incas, Túpac Amaru. No comment!
Ironiquement, l’illustration, issue de Wikipedia Commons, nous montre une délégation de chefs, et leurs épouses, des tribus ‘natives’ (les Nations Indiennes), en visite officielle, aimablement reçue, et photographiée, à Washington, en 1912.