CAMARADE TCHOUANG-TSEU [ELIAS CANETTI]

TCHOUANG-TSEU

La réalité du fantastique chez Tchouang Tseu. Elle ne se réduit jamais à quelque idéal. L’intangible, c’est la réalité et non pas quelque chose qui se trouve derrière elle.

Ce qui m’a toujours attiré dans le taoïsme, c’est qu’il connaît et approuve la transformation sans pour autant aboutir à la position de l’idéalisme indien ou européen.

Le taoïsme attache la plus grande valeur à la longévité et à l’immortalité en cette vie-ci ; les multiples formes qu’il aide à créer sont d’ici. Il est la religion des poètes, même s’ils l’ignorent.

La tension qui existait en Chine entre les trois maîtres, Mencius, Mo Tseu et Tchouang Tseu me paraît très actuelle. On ne peut définir plus précisément celle de l’homme moderne. La tension traditionnelle entre le ‘temporel’ et le ‘spirituel’, celle de l’Europe, me semble controuvée et artificielle.

Aujourd’hui, il n’est pas de lecture plus importante pour l’homme que celle des anciens philosophes chinois. Chez eux, le non-essentiel disparaît. Dans la mesure du possible, la définition n’étant pas une fin en soi, ils vous évitent la déformation produite par le concept. Il s’agit toujours des attitudes qu’on peut avoir vis-à-vis de la vie et non vis-à-vis des conceptions.

Elias Canetti, Le Territoire de l’homme [1970], Albin Michel, 1978.

EXCENTRIC-NEWS
S’abonner
Notification pour
guest

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
EXCENTRIC-NEWS