FANTAISIE D’UN PAUVRE
Un homme de Song, en se promenant, trouva sur sa route la moitié d’une taille que quelqu’un avait perdue. Rentré chez lui, il la cacha et, en secret, il ne faisait que compter les coches.
Un jour il dit à son voisin : « Attendez, il est possible que vous me voyiez riche. »
UN CONSEIL INTÉRESSÉ
Un homme possédait un arbre desséché. Le père de son voisin dit : « Un arbre sec est de mauvais augure. » L’autre abattit l’arbre bien vite. Alors le père du voisin le pria de lui céder le bois comme combustible. L’homme, alors, s’irrita et dit : « Le père du voisin n’avait pas d’autres intentions, quand il m’a conseillé que d’avoir du bois à brûler. C’est pourquoi il m’a poussé à l’abattre. Mon voisin est un danger. Que faire maintenant ? »
LE VOLEUR DE HACHE
Un homme perdit sa hache. Il soupçonna le fils du voisin et se mit à l’observer. Son allure était celle d’un voleur de hache ; sa façon de parler était tout à fait celle d’un voleur de hache. Tous ses mouvements, tout son être exprimaient distinctement le voleur de hache. Bientôt, creusant dans son jardin, voici que l’homme trouve sa hache.
Un autre jour, il revit le fils du voisin. Tous ses mouvements, tout son être n’avaient plus rien d’un voleur de hache.
IL NE VOYAIT QUE L’OR
À T’si vivait un homme d’une telle avidité pour l’or qu’à l’aube il mit ses vêtements, se coiffa et partit pour le marché. Il s’approcha de la table d’un changeur, s’empara de l’or, et s’enfuit.
L’agent de l’autorité qui l’arrêta le questionna : « Comment as-tu pu saisir l’or devant tous ses gens ? » L’autre répondit : « Lorsque je me suis emparé de l’or, je n’ai plus vu les gens, Je ne voyais que l’or. »
Lie-Tseu [Lie Zi ou Lie Yu-k’eou], Le Vrai Classique du vide parfait, VII [XXX, XXXI, XXXII, XXXIV]. Philosophes taoïstes, Connaissance de l’Orient, collection Unesco d’œuvres représentatives, 1961, traduction du chinois de Benedykt Grynpas.