Tout homme
tout homme et moi :
canne sèche
que vient sillonner
le vent pour reprendre sa voie,
comme si rien ne s’était passé
sauf de s’être ouvert à
une absence
un sillon entre mon pas et le passé
entre ma vie et toute vie.
Miroir éclaté
Je me ressemble à vouloir être autre que celui que je suis.
Dans la solitude je m’excède : nous nous y abîmons
(moi et mon non-moi).
Être dans la vie
Être dans la vie
comme la fente dans le mur
il suffirait d’être soi-même,
sans être à soi-même.
Que dire de Hugo Mujica ? Je renvoie les hispanophones et hispanisants à son site officiel et aux multiples entretiens publiés sur la toile. Encore très peu traduit en français, argentin, Mujica est aujourd’hui bien connu dans la nouvelle poésie de langue espagnole, notamment en raison de sa problématique de ‘la poétique du vide’ (titre d’un des ses écrits), très marquée par la mystique et la métaphysique, la philosophie de Heidegger, de Foucault, la psychanalyse de Lacan et des poètes tels que Jean de la Croix et Paul Celan, pour aller aux extrêmes.
De sa biographie, on peut retenir que Hugo Mujica est né en 1942 à Buenos-Aires et qu’il a fait des études d’arts plastiques, de philosophie, d’anthropologie philosophique et de théologie. Artiste plasticien à Greenwich Village dans les années soixante, il commence à écrire lors d’une retraite silencieuse de sept années chez les Trappistes.