HOMO DUPLEX [DENIS DIDEROT]

DENIS DIDEROT

… si, on sait s’accommoder de ses défauts, ou si l’on veut, de son tempérament, il n’y a pas de compagnon plus attachant que Diderot. En aucun siècle, sans doute, il n’y a eu d’esprit plus riche et plus pénétrant. Dans un immense effort pour tout pénétrer et tout comprendre Diderot a vraiment tout étudié et tout éclairé de lumières, trop rapides et trop mouvantes, mais qui sans cesse illuminent des profondeurs. Par surcroît, ses contradictions ne sont pas des sautes d’humeurs ou la faiblesse d’une pensée qui recule devant l’effort nécessaire pour s’organiser. Elles sont les contradictions mêmes, les plus profondes, entre lesquelles de tous temps la pensée humaine a oscillé, auxquelles presque tous, quelque jour, nous nous sommes heurtés. Enfin, il se trouve que ce philosophe, cet esprit encyclopédique a été en même temps un enthousiaste, un homme possédé par le besoin de vivre et de faire vivre autant que par celui de comprendre et d’expliquer. Par là il a insufflé à ses meilleures œuvres une sorte d’âme frémissante et tumultueuse, qu’on peut ne pas aimer, mais dont la puissance et la vitalité sont uniques.

Diderot n’aimait pas la cascade de Saint-Cloud. Il y aurait voulu autre chose : « Une grande nappe s’échappant de l’ouverture d’un rocher ou d’une caverne sombre, descendant avec fracas, rompue dans sa chute par des énormes pierres brutes, les blanchissant de son écume, formant dans son cours de profondes et larges ondes ». Cette cascade, c ‘est un peu son génie.

Diderot, l’homme et l’œuvre, Daniel Mornet, Boivin et Cie, 1941, page conclusive.

N.B. : Loin de toute bibliothèque. D’une armoire délaissée, relecture de l’autre génération…

Illustration : Diderot peint par Louis-Michel Van Loo, 1767, musée du Louvre (détail).

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