L’AVEUGLE DE L’AUBE [JOÉ BOUSQUET]

Beau monde où la lumière est la parabole du don de chair Pensée du monde où je passe enveloppé de ce qui pense Tout s’oublie le réel est ce qu’on ne peut oublier

Il ne voulait qu’éveiller tout entre ses bras grandir dans ce qui le liait à son vœu Les images ont fait la lumière plus seule et le vent et les jours

Je ne suis presque rien je suis ce qui me perd

 

Tombe pour devenir la main qui te retient l’homme naît de rêver qu’il ne se connaît pas Une femme est passée elle devient sont rêve

Rend à l’homme une chair en se prenant pour lui

La nuit a froid Il est le jour d’avant ses yeux où son regard fit son asile l’amour de son amour durera sans le voir

 

Sous tant de chants la même étreinte avec l’oubli la même absence Il est ce qui la voit comme un espoir dont ce qu’il vit serait l’épreuve

Ton être a choisi ton malheur pour demeurer en toi

L’amour s’unit à ton amour t’écrase avec ce que tu es s’emplit d’un espoir d’outre-tombe

Qui t’enterre en se déterrant

 

Le son des cloches et l’aurore et l’oiseau du froid dans ton souffle entre les ailes de ton souffle et qu’il soit plus près de toi que ton cœur

Ce que l’aurore a traversé entre les feuilles et les eaux tous les fantômes des caresses quand mon regard devient la chair de ce qu’il aime et que rien ne lui ment

Mon cœur est enterré dans ce qui les éloigne comme il a sa prison dans ce qui lie les jours Femme je crie vers toi à travers ce qui passe pour que mon corps soit mon secret comme le tien

 

Joé Bousquet, La Connaissance du Soir, L’épi de lavande, Éditions Gallimard, Paris, 1947.

À ce qui respire, et donc à …

Et merci à JPB pour ce retour – télépathique – sur image.

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