Chaque motte de terre
Ne faut-il mon amour
L’abreuver de ta dissidence ?
Tant que ton corps
Respire l’eau
La pierre
Le thym et la jacinthe
Le ciel
Les cerfs-volants
Le jour
La lumière
Les douleurs d’une femme
Qui accouche
La fatigue d’une attente
La tienne et celle des étoiles
Filantes
Je me trouvais dans
Des langues qui ne signifiaient
Rien
Ou tout au plus
Très peu
Chaque regard scintillant
Comme un papillon
Indescriptible
Nous faut-il le border
De possibles ?
Jusqu’à ce que le vent
Se lève
Et descende les murs des hommes
Murs et injustices
Qui brillent
Tendus
Vers le jour
Vers la nuit
Plutôt ni le jour ni la nuit
Vers l’ivresse et l’insomnie
Vers l’errance
Vers les eaux mortes pour hâter ton silence
Pour vénérer la face obscure
De la roche
Donnant ta forme à des lèvres
Inclinées qui empestent la peur
Et la prière !
Murs
Nébuleuse aurore
Éparse
Les deux mortifiés
Débouchent sur le vide
Donnant sa forme
Pauvrement
Aux mensonges de l’époque
Murs
Que chaque battement de cils
Qu’à chaque souffle
Approuvant la mort
Fortifie une entente
Insoutenable
Et un assaut contre la vie
La tienne
Amou
La colère est là
Immobile
Même s’il semble
Qu’elle étouffe avec
Ses héros
Et la lâcheté des vainqueurs
Ceux qui n’hésitent
À désosser leur sale besogne
Les choses arrivent
Portées comme
Par des marées de questions
Et de possibles
Combien faut-il de nuit
Pour que chaque respiration
Déploie ses désirs
Défasse ses redondances dominantes
Et devienne débarcadère
D’insurrection
Et de désobéissance ?
Tarek Essaker, le 6 janvier 2022. [extrait]