DES LÀ-BAS AUX ICI…
Tarek Essaker est né le 16 février 1958, à Gafsa, au seuil du désert tunisien.
Du cinéma amateur militant au théâtre – de lui, on donne une première pièce, L’Errant الشريد, qui fut primée, alors qu’il n’a encore que dix-sept ans – et à la poésie, il choisit d’écouter les voix ataviques et solitaires qui l’habitent.
Ses nombreuses sources d’inspiration – il n’est pour autant le disciple d’aucun – alimentées à la diversité culturelle d’un continent qui de tout temps sut chercher très en profondeur de quoi orner son imaginaire, l’instituent mémorialiste des racines secrètes d’un peuple nomade et condamné – consentant – à un exil intérieur qui s’interdit toute réconciliation.
Aujourd’hui, son travail acharné sur les marges de l’écriture et de la dramaturgie fait que, définitivement sans doute, malgré un savoir-faire minutieux, l’errance demeure sa loi et l’insoumission, son projet.
V. L.
L’ÉCRITURE… QU’EST-CE QUE C’EST ?
Les thèmes majeurs y perdurent : l’absence/présence, l’exil/errance, dieu/vie et mort, la mise à nu de la fragilité du mystère et de sa tragédie.
Nommer l’innommable, l’étrange et sanglante ambiguïté d’être. Une blessure voilée dans son désir d’éternité.
Destinés à demeurer énigme, voués à l’énigme, nous errerons dans les cimes de l’inconnu et du mystère. Notre parcours demeure une inclinaison*, un paysage où se creuse la tragédie.
Vient nous habiter alors l’écriture, miroir où le récit prend l’aspect d’un adieu à la création entière, une écriture/lecture qui égale son mystère et sa riche étrangeté.
Lieu d’exil, lieu d’errance, lieu de retraite et de cri, d’interrogation et de combat où se blottit l’homme.
L’écriture, pour moi, est un regard réinventé avant d’être né. Tangibles souvenirs, réalités légendaires, terre, mer, femme, champignons, formes et hommes, tous repris dans l’inquiétude et l’espoir d’être, sculptant une énigme née d’hier, du présent, du futur à-venir, pour se réaliser : écriture.
Lieu où se condensent les interrogations, pour mourir re-naître, où se pensent les créations, où se trament les tragédies, où se cisèle le temps.
T. E.
* Oui, il faut bien lire inclinaison, une forme de l’oblicité qui revient souvent dans cette écriture ! [V.L.]