Portrait de Fu Sheng, attribué à Wang Wei
La pluie du matin a nettoyé la poussière du bourg
Devant l’auberge, les saules ont des couleurs fraîches
Buvez mon ami, buvez encore un verre,
Là-bas, derrière la frontière, vous n’aurez plus de compagnon.
Poème de Wang Wei à son ami Yan
Traduction de Rinnie Tang
Yangguan san die | Trois variations sur la passe du soleil
Ce poème connu de Wang Wei (701 (?) – 761) évoque un épisode de sa vie quand il reconduit et se sépare d’un ami très cher qui part vers les pays barbares à la passe de Badaling, la passe du soleil. Symboliquement, ce point, à l’extrémité de la Grande Muraille, marque la limite de la sinéité mais aussi la frontière, le point de contact avec l’autre. Mis en musique, le poème était accompagné au quin (cithare) – initialement à la flûte traversière – et rentra ainsi dans un recueil des Ming, le ‘Zheyin shizi qinpu’ en 1451, et appartient aujourd’hui au recueil ‘Qinxue rumen’, depuis 1864, sous le titre de ‘Yangguan san die’ (Trois variations sur la passe du soleil) dans une version uniquement instrumentale. On peut écouter une transcription pour flûte traversière avec accompagnement de cymbalum et orgue à bouche de Chen Zhong par ailleurs : INTERLUDE (TRANSITIONNEL). C’est là un parfait exemple de la poésie et la musique de lettrés telle qu’elle était pratiquée et appréciée dans l’ancienne Chine. Les ‘Trois variations sur la passe du soleil’ sont interprétés ici au quin par Dai Xiaolian dont on trouvera deux autres pièces dans les billets NOM DE TCHAN ! et L’ESTHÉTIQUE DU SILENCE.
Ce poème est à mettre en relation avec cet autre également de Wang Wei, très connu, ‘L’Adieu’, qui impressionna fortement Gustav Malher et lui inspira ‘Le chant de la terre’.
Une fois à bas du cheval, je t’ai versé de l’alcool
Je t’ai interrogé : ‘Où vas-tu ?’
Tu m’as dit : ‘Je ne suis pas heureux !
Je rentre aux côteaux du mont sud’
Eh bien, je n’ai pas à interroger davantage.
Les nuages blancs sans fin, à ce moment.
Wang Wei
Traduction de Maurice Coyaud
Au moins Hécate écrit des commentaires sérieux, elle.
Voilà une correspondance avec Malher que je découvre ici… Son oeuvre musicale est si ample et son emprunt à la poésie plus varié encore que je ne le savais.
Hécate