Aujourd’hui encore, on nous annonce la disparition d’une célébrité – presque chaque jour au demeurant. J’ai l’impression qu’on les fabrique sur mesure ces opportuns décès, pour remplir le calendrier… ou faire la une au creux de l’été.
Je m’interroge cependant : pourquoi toujours leur décès et très rarement leur naissance ? Certes, les vagissements du bébé Christ ne sont pas passés inaperçus ; une étoile de garde de la Voie de la Lactation – trop bavarde ou stipendiée par CNews – a craché le morceau… et dans la foulée les rois-mages, comme par magie, accouraient, crèchi-crècha, chargés d’encens, de myrrhe et d’ambroisie… et de quelques autres distillats sortis sous le manteau de la zone off-shore de l’aéroport de Tel-Aviv.
Dans notre grand pays – à la petite échelle géographique de la planète, bien sûr –, il en fût qui pourtant y pouvaient prétendre : Louis XVII, Napoléon II, Charles III Gaulle…, ou encore, dans une vieille nation voisine et amie, Adolf II… Et combien d’autres en rencontrerions-nous si le cours de l’Histoire se fût montré plus favorable !
Pourtant, personnellement, j’ai un petit faible ‑ l’Histoire, elle, a ses légitimes raisons d’adopter un autre point de vue – pour un Anglais, non pas un sujet de Sa Majesté, mais Sa Majesté Elle-Même, en la personne d’Édouard VIII, qui, en 1936, fit l’affront populaire d’abdiquer pour épouser sa Wallis, après avoir longuement couru le guilledou dans les grands hôtels parisiens. Ah, le brave homme qui ne s’est pas laissé piégé par la supposée grandeur de sa destinée. Voilà qui s‘appelle avoir des…
En bon littéraire, rappelons-nous pour conclure, avec notre alphonse maître, Auguste Allais, que si une œuvre posthume est nécessairement publiée après le décès, une œuvre anthume, elle, se doit de l’être… avant la naissance. Dont acte.
Illustration : Wikipédia.