Faut-il le vouloir
Faut-il l’énoncer
À la lune des vents
Je t’attends comme
Une foudre
Hâtive
Sans nulle pareille
Comme un fossoyeur
Tenant
À la terre sa chevelure
Mais rien n’est prêt
Comment dire cela
Comme une ombre
Qui attend son ombre
Ou si peu
Comme un promeneur
À bout de ses songes
Tant qu’il pourra
Il sera sourd
Face à la terre
Miroir de son énigme
Un très court instant
Ou
Un rien plus tard
La blessure d’un vent
Jette des miettes de souffle
À ses rejetons
Des pas foudroyés
Cela aurait pu être dieu
La lumière de sa mort
Est si profonde
Si en désordre
Le chemin ne ressuscite
Que sa propre tombe
Se dit-il
Il n’est d’autre demeure
Que l’oubli
Comme dernière aube
Derrière l’eau
Les plis de l’eau
Dans son eau
Un visage s’est éloigné
Dans les mots
Désert de morsures brûlantes
Il lui arrive de lire dans les rêves
Qu’on creuse au matin
Au hasard
D’une canicule
Et quand la nuit vient
Comme un plafond
Sombre
Qui n’ajoute
Qu’exiguïté
Nous reste-t-il
Quelque illusion
Il est tard
C’est notre part de rage
À puiser
Dire reviens
Dire aimer
À la lune des feuilles qui tombent
Reviens
Pose-toi
Ci où là
Comme un automne
Qui s’en va
Quand un autre revient
Les années à peine années
Et les vieilles pendules
Traversent le tic-tac du temps
Comme s’excuse un dieu
Si déshabillé
À recevoir une foudre
La beauté éclate à l’aurore
Au cœur
De ce qui naît
Et n’agonise que
Prudemment
Des traces
De bannis ou de voyageurs
Tout à leur hâte
Peut-être
Et des lumières
À briser une souffrance
Ou une prière
Comme l’eau
Qui parvient à briser
Le rocher
Une eau furieuse
Si stridente
Comme une vieille vie
Tendre et véhémente
Tarek Essaker, le 1er février 2022.