Alors qu’on nous assène des ‘Napoléon… Oui !’, des ‘Napoléon… Non !‘ … des ‘Napoléon… Mais quand même !‘ Il me revient cette comptine que nous chantonnions, gamins, dans la cour de la communale à la fin des années cinquante… d’un autre siècle…
Napoléon est mort à Sainte Hélène,
Son fils Léon lui a crevé l’bidon.
On l’a r’trouvé, assis sur une baleine,
En train d’sucer les fils de son caleçon.
Pierre Larousse, dont on connaissait, dans mon enfance, les délectables et fameuses ‘Pages Rousses’ de son ‘Petit Larose’*, écrivait, très sérieusement, à la fin du règne du troisième du nom et du Second Empire (en pire ?), dans son ‘Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle’, dit ‘Grand Larousse’, à propos de Napoleone Buonaparte, ce Corse, deux articles bien distincts. Le premier, intitulé ‘Napoléon Bonaparte’, évoquait le militaire et général français, féru des ‘Lumières’, de sa naissance au 18 Brumaire, jour de sa disparition… et, le second, sous le titre ‘Napoléon Ier, empereur des Français’, traçait sa trajectoire de cette date à sa mort à Sainte-Hélène… Pierre Larousse était républicain, libre-penseur…
À O. C., alias A. H., ce jour, pour en avoir parlé. Cordialement.
Illustration : Napoléon 1er à Fontainebleau, le 31 mars 1814, détail, par Paul Delaroche, peint en 1840, Musée de l’Armée à Paris, original au Musée des Beaux-Arts de Leipzig.
* L’altération des titres et l’inversion sont, il me semble, de Jacques Prévert.
P.S. : [13 mai] Je donne a posteriori, après une recherche, une nouvelle version de la comptine, qui me semble authentique ; la mienne ayant souffert des aléas du temps… et de la mémoire. Il existe également une autre fin : ‘En train d’sucer des arêtes de poisson’ (plus napoléoniquement correct ?). En outre, j’ajouterai que nous en terminions, nous égaillant dans la cour de récréation, scandant en nous esclaffant : ‘Na-poléon Le Bidon… Na-poléon Le Bidon…’ J’ai donc modifié le titre initial de ce billet en conséquence.
C’est malin de m’avoir mis cet air dans la tête !
Y’a pire ! … Il est vrai qu’au final, on se prend un peu la langue dans les fils du caleçon. Mais quand même cet ubuesque impromptu de baleine très corsé nous offre une fin épique qui prévaut plaisamment sur celle, lamentable, de maintes autres épopées impériales, canossiennes…, voire même alexandrines !
Tiens ! vous aussi !
Si je me souviens ! oh que oui ! …depuis cette polémique, je chantonne sans arrêt cette comptine, ce qui énerve pas mal Martine !
Comme quoi l’imaginaire collectif enfantin a aussi, de tout temps, sa dimension de transgression… voire d’innocente (?) subversion.