Poésie qui, à l’insoumission et à la rébellion, demeure à entendre, à partager, à résister… En mouvement, elle s’éloigne comme s’approche… Elle s’impose comme elle fuit… telle les maquisards des libertés, dans leurs flux et reflux… Par mort et vie viennent des appels plus promptes à faire voler en éclat, toute raideur, insuffisances et travers… jusqu’à border la mort avec autant de sourire…
… ce qui se passe ces jours-ci en Tunisie est innommable… entre jeunes et laquais obèses du pouvoir… la mort par immolation… phrase sans verbe… triste comme la mort… comme ce qu’endure un peuple en pâture… Ah ! si seulement pour le verbe il pouvait être libre de décider de son sort… Les rêveurs ne peuvent rêver et regarder les nuages que sur les visages du vent… ce qu’est leur présent… ce qu’il adviendra d’eux… comme s’ils étaient hors de lui… et l’histoire n’a point du temps… Ils ondulent entre ailes et ailes pour un oiseau sans lendemain… entre jour et jour… entre chants et cris… sans que le ciel aille nu-pied… Là-bas les Hommes s’immolent et habitent les colibris d’une révolte… mais les cornes des dictateurs sont élevées vers la mort des oiseaux… et font feu sur les lisières pour que peur se lève… Un peuple rêve son désir comme sa colère… redécouvrant le ciel comme éclosion… comme ultime pré… Pas de feuille… Pas la moindre lumière que les éclats de grenade… Pas même les premiers pas vers je ne sais quel cri… Tout se dérobe et lancine… vague et creusé…d’ailes… d’âmes en révolte de ces herbes arides… aux profondes idées de mourir… Désir gravé à même des pans de vent comme par dessous des cœurs à saut et à fièvre invisibles qui jaillissent… alors qu’ils ont encore sur leurs ombres les sièges de paille des diktats… Voila ce qui se tient debout… la colonne de la mort… qui semble n’avoir ni fin ni commencement… L’amour va à contre-sens entre corne et bosquets de l’oppression… Qui, ombre d’elle même, essaye de se retenir au-dessus du précipice, de plus en plus scabreuse… Révolte, qui laisse entrer, ébriété plus légère qu’elle même… cris dépecés… voix désobéissantes…des fleurs renversées… Que le monde est uni dans le dédale incendié… et le déni… Mais la passion finit par naître pensée… Et que restera-t-il des morts ? Les chemins se suicident dans les terres… Que restera-t-il de la peur, entre persiennes et jalousies ? Le chant d’un ciel partisan aux violons de quelques maquisards… libres délivrés de leurs langues… témoigneront du chemin des papillons et du jasmin… du chagrin de l’eucalyptus et l’ombre ascète des arbres… sinon aux parfums des terres… sinon à la nudité à voix haute des poèmes… Debout, ils pousseront des grands cris… qui mettront les aubes en chantier… Il faudra bien un jour prendre acte qu’ils sont interdits de voix… où les vents bourrasquent les stupeurs… Debout fleurs au repos…
Tarek Essaker