ON LA NOMME CONFUSÉMENT L’ÉTRANGÈRE [TAREK ESSAKER]

À y réfléchir
Une parole sans présence
Un témoin de plus
Ni visible ni prévisible

Juste un surprenant
Mouvement de lenteur
Une intranquille assurance
Les deux
L’accompagnent vers l’oubli

Par le feu
Avec minutie

Silencieuse
Étrangère

Cette présence frustrée
Et toutefois allégée

Comme une précarité
Si muette
Où erre sans fin
Une étrange colère
Avec de si obscurs mots

__________

Elle est l’écho
Celui qui gronde
À chaque instant d’insolence
Comme à chaque défaite

Cet instant forçant la douleur
Sans plus rien attendre
S’ignorant

Qu’ est-ce ?

Ce que rêve une lune
Quand elle se prend
Pour une herbe folle

Ce secret
Cette réserve
Ou
Ni l’une ni l’autre

Cette obstination ultime
Ou cette puissance
Qui ne recouvre que le doute

Sans dénouement
Une perpétuelle trace
Précaire
Parlante encore

Entendre
Et tendre seulement
Vers cette hasardeuse étrangeté

Comme habitée
Par quelqu’un d’autre

Elle bégaie ses colères
L’entendre seulement l’entendre

__________

Elle est le reflet de la lumière
Qui court le long de si peu d’eau
Et pourtant
Si vive
Si légère

Elle dit être
La lettre qui ignore sa rivale
Quand elle est à l’abri du silence

Cela ne fait rien
Dit-elle

C’est comme un vide
Qui interroge sa violence

S ‘introduit sans commune mesure
Ni haut ni bas
Mais comme un juste refus

Alors
Sois !

Sois le féminin du jour
Quand il frappe à une porte
Encore plus solitaire !

Elle est
Ce qui chemine si frêle
Quand ses pas chancellent
Comme lors d’un doute
Ou
Quand une lassitude la surprend

Est-ce
Peut-être
Le milieu d’une blanche colère ?

Le temps d’une foudre
Ou de ce qui la précède ?

Sois cette amnésique
Sans répit
Ni repos
À la tête plus haute que l’inhabité

Sans sanctuaire
Comme si cela devait durer
Toujours !

Il n’ importe
Que tu te souviennes
Ou que tu oublies

Est-ce ainsi
Peut-être !

Sois la nuit
Qui chacune réussit
À faire oublier l’autre !

__________

Sois
L’ étrangère à toi-même
Dans ses présences
À la dérobée
Comme dans ses rumeurs

Celle qui frappe à ses chemins
Pour tout ce qui est en vain

Si étrangement secrète
Si obstinément inaliénable
Au nom qui l’habite

Plus légère qu’un oubli
Libre encore de ses mouvements

Plus légère à ce que prétend
Une brindille
Dans son immobilité
Fugitivement étonnée
Intime
Indignée
Ou gênée !

Parce qu’ il y a encore du chemin

Attendre
Plus loin que le lointain
Ou plus proche qu’ on y pense

Quand finalement se renouvelle
À chaque pas
Une colère
Une impatience qui s’agite

Tarek Essaker, le 30 mars 2022.

Photo : VS, Les dialogues de Saint-Gilles – L’Étrangère.

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