Le secret de ce tableau, dont je vous ai rappelé les résonances, les parentés avec les vanitas, de ce tableau fascinant de présenter, entre les deux personnages parés et fixes, tout ce qui rappelle, dans la perspective de l’époque, la vanité des arts et des sciences, – le secret de ce tableau est donné au moment où, nous éloignant légèrement de lui, peu à peu, vers la gauche, puis nous retournant, nous voyons ce que signifie l’objet flottant magique. Il nous reflète notre propre néant, dans la figure de la tête de mort. Usage donc de la dimension géométrale de la vision pour captiver le sujet, rapport évident au désir qui, pourtant, reste énigmatique. Jacques Lacan, Le séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil.
Un singulier objet, pareil à un os de seiche, flotte au-dessus du sol : c’est l’anamorphose d’un crâne qui se redresse lorsqu’on se place tout près, au-dessus, en regardant vers la gauche. Un sens caché et une solennité pèsent lourdement sur toute la scène. Jurgis Baltrusaitis, Anamorphoses, ou Thaumaturgis opticus, Flammarion.
Pour une analyse de détail du tableau, on lira avec intérêt l’article très complet de Wikipédia, Les Ambassadeurs. Cliquer sur l’illustration pour l’agrandir. Le crâne peut être ‘révélé’ en plaçant, à défaut de miroir convexe, le dos d’une cuiller en inox poli perpendiculairement au sommet de la figure de l’os de seiche.
Ana M.
Savez-vous que mes « chers corbeaux délicieux » picorent l’os de seiche ?
Gare au tableau !
Merci de votre sympathique visite sur mon fil d’archal.
Hécate
Il y a une ressemblance troublante dans la visée redressée ou le dressage de la vision.
Oui, mais c’est l’anamorphose réelle de votre crâne ou une réplique de celle de Holbein ?
Parfois je radote : http://gertrude.over-blog.org/article-32116443.html
Mais ce n’est pas Gertrude mais l’anti-sèche d’une seiche mise en espace.
Je l’avais également peinte en mural il y a bien longtemps.
Je n’ai pas lu Lacan.
Et vous me mettez mon nez honteux dedans car dans votre article je suis juste passée en bonne pragmatique sur la citation de Baltrusaitis !
Et là je viens de lire celle de Lacan !
En m’apercevant qu’en fin de compte, je l’avais peut-être lue il y a bien longtemps…
D’où mon com !… peut-être…
M… là sous mes yeux Le Séminaire XI sur la même étagère que ce vieux Jurgis!
J’en perds la tête et j’aurais mieux fait de fermer mes mandibules vaniteuses.
Ceci dit, vous ne répondez pas à ma question : votre crâne, l’avez-vous anamorphosé ?
C’est ce que dit Lacan, vous paraphrasant…
Vous prenez Albert pour un oeuf (de canari) à la coque ? Je vais planquer les petites cuillères à présent.
Ceci dit, je n’ai pas besoin de miroir pour lire l’avenir dans les os de seiche.
Très sérieusement ce qui me fascine dans ce tableau ce n’est pas tant la prouesse de l’anamorphose mais c’est que le motif du crâne se situe dans un autre espace que celui des personnages: eux sont dans une complète frontalité alors qu’il faut croiser le tableau, c’est à dire quitter littéralement son espace afin de parvenir à jeter un fugitif regard en biais, regard mortel qui va nous révéler la Vanité.
Mais, plaçant le crâne d’Albert face à un miroir concave, avez-vous révélé l’os de seiche ?
Sachez, Vincent, que j’ai tant observé, reniflé, cuisiné, étudié, commenté, dessiné, dégusté, décortiqué cette seiche que là…, je sèche comme un os.
Baltrusaïtis, oui je le vois sur mon étagère, tout pourri, cet exemplaire qui m’accompagne depuis trente ans…
Au diable Wiki!