LOMER [RICHARD DESJARDINS]
Adieu mon frère, adieu ma sœur,
demain à l’aube les pieds nus,
j’irai dans les vastes noirceurs
d’où personne n’est revenu.
Adieu mon frère, adieu ma sœur,
demain à l’aube les pieds nus,
j’irai dans les vastes noirceurs
d’où personne n’est revenu.
Joé Bousquet, étendu dans la chambre de Carcassonne, ne rêve pas sa vie. Il la contemple. Il devine, il ‘prophétise’ ce qui s’est passé. Ce qui s’est passé doit avoir un sens, sous peine de n’être rien. Or, ce qui s’est passé est. Ce sens soudainement conféré à ce qui fut est dicté par ce qui viendra. Cette démarche est probablement difficile à comprendre, soit ! – mais c’est elle que l’homme immobile prend en charge et assume : il hérite d’un sens et d’une destinée si convaincants et irrécusables que la déraison qui s’y trouve se modifie et se métamorphose en raison souveraine : la blessure de Joé Bousquet nous figure et nous dépeint. – sous peine de perdre notre âme. Le temps ignore les ruptures du passé et du futur :
… la chambre où je grandis
Dans mon cœur était enclose…