dramaturgie
LA PAGE DE TAREK ESSAKER
L’écriture est un exil qui nous choisit et nous raconte.
ODOMO [TAREK ESSAKER]
Odomo (assis, enlevant une chaussure) : Je me penche sur la nuit, j’ai l’impression qu’elle me regarde. Je me penche sur la tombe, j’ai la certitude qu’elle me dévisage. Je me dirige vers le temps, j’ai le sentiment que je suis sa proie.
LA VIE COMME ELLE VA [TAREK ESSAKER]
Je m’appelle Lenka. J’ai été torturée, violentée, séparée de mes proches, de mes parents, de mes enfants. J’ai vu mourir les autres. J’ai vu pleurer, supplier. J’ai vu s’agenouiller plus d’un vieillard, les mains tombées vers le ciel. J’ai vu plus d’un embrasser la terre avant que les feux des soldats ne riment abondamment avec l’éternité de la nuit. Puis plus rien. Quelques sanglots. Maigre nudité. Maigre beauté qui déborde des ailes de la nuit. Maigre silence d’une flûte par terre.