LETTRE OUVERTE À MON AMI OULED AHMED [TAREK ESSAKER]

Les vivants ainsi que les morts s’éloignent des rivages, nagent par delà les horizons connus. Tu es dans le grand large du savoir, de la poésie, puissent les vivants avoir un avant-goût de ta plénitude, de ta sérénité, de l’amour que tu portes au large des mots.

LA FILLE DE LA RIVIÈRE [TAREK ESSAKER]

La fille de la rivière traverse. Elle tente de traverser ce monde, mais veille à rester à l’écart, elle n’a pas le choix. Elle est de celles à qui on refuse tout. Elle vit dans l’ombre des feuillages à proximité de la rivière, qui elle, au fil des crues et des canicules, changera toujours l’itiné-
raire de son cours.

ÉPHÉMÈRES+ [TAREK ESSAKER]

ÉPHÈMÈRES+ | Des ‘petits (bouts de) textes’ impromptus, publiés en exergue de LA PAGE DE TAREK ESSAKER. | Les dates sont celles de publication.

ODOMO [TAREK ESSAKER]

Odomo (assis, enlevant une chaussure) : Je me penche sur la nuit, j’ai l’impression qu’elle me regarde. Je me penche sur la tombe, j’ai la certitude qu’elle me dévisage. Je me dirige vers le temps, j’ai le sentiment que je suis sa proie.

LA VIE COMME ELLE VA [TAREK ESSAKER]

Je m’appelle Lenka. J’ai été torturée, violentée, séparée de mes proches, de mes parents, de mes enfants. J’ai vu mourir les autres. J’ai vu pleurer, supplier. J’ai vu s’agenouiller plus d’un vieillard, les mains tombées vers le ciel. J’ai vu plus d’un embrasser la terre avant que les feux des soldats ne riment abondamment avec l’éternité de la nuit. Puis plus rien. Quelques sanglots. Maigre nudité. Maigre beauté qui déborde des ailes de la nuit. Maigre silence d’une flûte par terre.

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