… DERNIERS MOTS … [ELIAS CANETTI]
Il rompt avec lui-même et pousse un soupir de soulagement. Il ne veut plus jamais rien savoir de lui-même.
Il suffit de vivre assez longtemps pour obtenir tout ce qui ne vous est pas destiné.
Il rompt avec lui-même et pousse un soupir de soulagement. Il ne veut plus jamais rien savoir de lui-même.
Il suffit de vivre assez longtemps pour obtenir tout ce qui ne vous est pas destiné.
Laissez-moi la laisser passer, l’avoir vue, l’avoir vue encore une fois,
puis je la quitterai sans qu’elle m’ait même aperçu,
je monterai les quelques marches fatiguées
et rallumant la lampe, reprendrai la page
avec des mots plus pauvres et plus justes, si je puis.
Conseils venus du dehors : certains lieux, certains moments nous ‘inclinent’, il y a comme une pression de la main, d’une main invisible, qui vous incite à changer de direction (des pas, du regard, de la pensée) ; cette main pourrait être aussi un souffle, comme celui qui oriente les feuilles, les nuages, les voiliers. Une insinuation, à voix très basse, comme de qui murmure : regarde, ou écoute, ou simplement : attends, la patience d’attendre ? Et puis, s’agit-il vraiment d’attendre ?
Là-bas, passé cinquante ans, les gens sont obligés de se revoir. De se retrouver leur coûte beaucoup. Ce processus des retrouvailles devient la substance d’une nouvelle vie. Ils doivent se rechercher, se retrouver et s’écouter. Ils sont contraints de se comparer aux exemplaires les plus affreux, mais il arrive aussi qu’ils tombent sur des gens meilleurs qu’eux et ils font alors leurs comptes en silence. Ils n’ont ni le droit de reprocher ni celui de montrer quelque dégoût que ce soit.
Troublante clarté
Où se meurt le silence.
Nuée à peine teintée de rose.
Prévoyance d’une aube sanglante.
Une fois toute repliée la lumière du monde
qui nous empêchera d’aimer encore la servante invisible
commise au soin de ces piles et de ces plis ?
Encore un dimanche…
Souvenir d’enfance : les affres du retour à la pension, … à la « prison ». Semaine sans nom, dimanche sans être. Quarante cinq ans de mémoire sans effacement et une enfance qui n’en finit pas de ne jamais finir, inassouvie. Échappée belle dans le rêve, seule vraie liberté face à un paysage auquel on ne se fait jamais
On avance peu à peu
comme un colporteur
d’une aube à l’autre