Ces temps ne chantent pas à gorge déployée
Temps à tout hasard
Sans savoir où déboucher
Un temps pour les premiers pas
Comme un dessin des premières
Ou des ultimes formes
Un temps sous terre ou sous ciel
Vers le large
Un temps pour chercher
Un temps pour perdre
Dit-il
Y-a-t-il des clés pour survivre ?
Un temps pour s’habituer
Un temps pour s’ inventer
Dit-elle
Un temps pour se hâter
Un temps pour nommer
Que faut-il nommer ?
Dit-il
Elle ne répond pas
Un temps pour retrouver la mer
Ou ne rien trouver
Dit-il
Est-ce la faute de la marée
Ou de la pleine lune ?
Dit-elle
Un temps pour se souvenir
Et un temps pour oublier
Tout dépend du psaume récité
Et il te faudra attendre
Car il y a un temps pour rire
Et un autre pour pleurer
Ajoute-t-elle
Et de continuer
Un temps pour le chant
Un autre pour les psalmodies
Jusqu’à l’outrance
Jusqu’à l’ivresse
Peut-être même
Jusqu’à la plus intense
Brûlure
Un temps pour les questions
Un autre sans réponses
Dit-il
Chapelet de chants divers
De questions multiples
Et de cheminements
Sans aucun secours
Sans aucune réponse
Comme la danse des étourneaux
L’automne
Ou la frénésie des abeilles
Le printemps
Dit-elle
Comme le figuier à son ombre
Et le mûrier à son visiteur
À l’hiver aucun signe
L’absence presque
En été l’attente
Se faire une place à l’ombre
Se faire oublier de la chaleur
Attendre attendre
Oublier oublier
Un temps pour la paresse
Un autre pour l’obstination
Comme un autre pour la négligence
Rien n’ appartient à rien
Sinon à l’immense vide
Comme une lassitude anticipée
Dit-elle
La mélancolie use
Dit-on
Et le souvenir lui vient en aide
Pense-t-il
Que de souffrances
Entre attente
Entre mémoire
Et ce qu’il en reste
De haillons
Et de loques
Tous habitent le doute
L’idée du chemin à atteindre
Où la vie est creuse
Dit-elle
Et pourquoi cette certitude ?
Peut-être est-ce le savoir
Ou le chaos
Semble-t-il
L’est-il vraiment ?
Et qu’ y a-t-il de plus inattendu ?
Une errance
Une échappatoire
Un corbeau qui dévore son maître ?
Une parole si légèrement voilée
Chose étrange
Parole vide
Si creuse
Si absente
Un murmure étrange
Si brusquement autre chose
Si brusquement surprenante
Inexistante
Par moment en dedans
Par moment en dehors
Rien de loin
Ni de proche
Le temps d’une énigme
Ou d’un presque
Vertige
Le temps d’y croire
Ou de vouloir s’y plaire
Un temps en vain
Avec cadence
Et sans mesure
Rend l’exilé à sa terre
Et le mort à sa tombe
Je ne sais si j’attends moi-même
Dit-elle
Une attente sans mesure
Te faut-il rêver
Au rythme d’une lanterne
Au coin d’une rue
Avec un air d’oubli ?
Comme un pèlerin
Dont on ne sait s’il a marché
Dans ses pas
Dit-il
Ou comme un songeur
Égaré dans son silence
Peut-être même
Un voyageur
Qui tente de décompter
Ses haltes
Dit-elle
À toi d’y croire
Comme d’y renoncer
Tarek Essaker, avril 2022.
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